Sunday 24 May 2009

Sassou Nguesso

Par Ghys Fortune Dombe Bemba et John Ndinga-Ngoma

Le 11 mars, le Tribunal de Brazzaville a acquitté "purement et simplement" un dignitaire du régime mafieux de SASSOU NGUESSO. Pourtant, plusieurs indices non moins importants établissent bien la responsabilité de Nicolas OKANDZE, Directeur Général du Budget, dans la mort de Jean BAMBELA, son gardien. On s’est plutôt contenté de condamner les plus faibles de la République. Ce n'est pas le seul cas d'injustice.

Le 07 mars dernier, un habitant de Pointe-Noire marchait à pas feutrés en monologuant. Comme s’il parlait avec les extra terrestres. Interrogé par d’autres passants, l’homme d’une trentaine d’années a avoué qu’il regrettait son petit frère qui aurait été froidement abattu en juillet 2008 avec un PMAK par un certain lieutenant de la Gendarmerie Nationale pour "une affaire de femme". "J’aurais pu oublier, dit-il. Mais comment m’en remettre si le bourreau est resté libre de ses mouvements, malgré les démarches judiciaires et administratives que nous avons engagées après le drame ? Pire, l’assassin qui aurait bénéficié des faveurs de son grand frère soi-disant colonel à la Présidence de la République, serait aujourd’hui en passe d’être promu au grade de capitaine avec à la clé une nomination dans une des ambassades du Congo à l’étranger".

Visiblement attristé et irrité, le monsieur a éclaté en sanglots, au point de se noyer dans ses propres larmes : "Où est alors la paix qu’on prêche chaque jour si les assassins sont protégés par la Loi ?"

Certes, quelques efforts de pacification ont été consentis par Mwené Lékubé après sa victoire de 1997 sur le prétendu génocidaire. Mais, les cas énoncés ci-dessus ne sont qu’un échantillon des dérives totalitaires de SASSOU NGUESSO et compères. Qu’un administrateur maire ait pris l’arme pour tirer sur un citoyen parce que celui-ci n’a pas obtempéré est un indice. Un autre déconneur de "La Nouvelle Espérance", Marie Magloire DAMBEZET, avait menacé de mort un trésorier payeur départemental pour le motif que tout le monde connaît déjà. Il y a bien d’autres faits aussi et plus tangibles que les prétendues réalisations. Et leur liste est aussi longue que les rails du CFCO (cette épine dorsale de notre économie gérée sauvagement et méchamment par un septuagénaire Français).

La question mériterait d’être posée aux très dévoués exécutants de "La Nouvelle Espérance" en question. C’est en effet eux qui font croire à qui veut les entendre que le pouvoir actuel est le pillier de la paix dans notre Congo-là. Mais qu’est-ce alors que la paix si dans un pays l’impunité et l’injustice sont définies clairement comme des règles cohérentes de gestion ? À ce moment, elle ne devient qu’une simple vue d’esprit. Une autre interrogation dérange les Congolais comme on avait soi-disant dérangé l’autre dans son sommeil.

Si les hommes de Mpila sont les faiseurs de paix, pourquoi ont-ils récemment réuni toutes les conditions pour que la "vraie" opposition ne participe pas au dialogue citoyen en vue d’une élection présidentielle transparente? Ce refus catégorique n’est-il pas un casus belli ? Assurément oui, si on s’en tient au principe démocratique qui veut que le débat politique s’ouvre en tenant compte du sacro-saint principe de la tolérance et du respect mutuels. Sachant que leur candidat sera élu "dès le lever du soleil", comme l’a dit un éléphanteau, pourquoi craignent-ils la commission indépendante ?

Voilà tout le nœud du problème ! Au juste, si cela est vrai, pourquoi le régime de M’pila achète-t-il des milliers d’armes, comme l’ont souligné les médias étrangers, à la veille de la présidentielle de juillet prochain ? Ou encore pourquoi ces recrutements en pagaille dans la Force Publique ?

Et que faut-il comprendre de tout cela ? Le fameux concept de paix n’est qu’une forme de prétérition belliciste de M’pila. Assujettir la paix à un individu fait penser aux intimidations de MOBUTU : "Voter le bulletin rouge était de la véritable provocation. Et le vert était synonyme de paix." Autrement dit, ne pas voter pour SASSOU NGUESSO, est une provocation, et il va nous exterminer tous. On n’invente rien comme si on était démagogue.

D’ailleurs l’épouse du Chef avait été claire le 07 mars vis-à-vis de "ses" sœurs de Pointe-Noire. "Vous pouvez voter pour une autre personne, SASSOU NGUESSO ira s’asseoir à la maison. Pourvu qu’on le laisse tranquille". Que "Maman la Présidente" édifie les Congolais. A supposer que le Roi Soleil durant son long règne à M’pila, commette des gaffes gravissimes. Est-ce à dire que la justice ne fera pas son travail et que le juger sera une provocation ? Antoinette SASSOU NGUESSO doit s’expliquer. Qu’elle dise également comment son époux en tant que citoyen (au cas où il n’est plus au pouvoir) entend-il résister à tout un Etat en cas de dérangement comme soi-disant en 1997 ? Et puisqu’il s’agit de 1997, son mari sera-t-il acquitté si un tribunal sérieux et indépendant examine ce problème?

Une question bête que se posent beaucoup de Congolais. Quand SASSOU NGUESSO est au pouvoir, il n’y a jamais eu de troubles dans ce pays et d’où vient que le Congo se plonge dans un cycle de violence lorsqu’il quitte le pouvoir ? Voilà une énigme jamais élucidée. Est-ce à dire que Mwené Lékubé est à la fois pyromane et sapeur pompier ? Ce peut être possible, car disent souvent ses fidèles, "Sassou NGUESSO détient les clés de la paix au Congo"

A vrai dire, un bon pacificateur crée les conditions de paix dans tous les domaines, sans frustrer les autres. Or, aujourd’hui toutes les gaffes sont ratifiées sous le prétexte qu’on a «combattu». Comment alors rester muet face à ce cynisme qu’on déploie sans gêne?

Face à cette torture administrée aux Congolais, le journaliste est quelquefois tenté de jeter sa gourme déontologique pour se transformer en porte-parole des sans voix. Le peuple a besoin d’une vraie paix. Pas d’une paix ressemblant à la capitulation de Pétain devant la Wehrmacht lors de la deuxième guerre mondiale.

La vraie paix sera établie le jour où on aura dit les vérités les uns aux autres, lorsque justice aura été faite en toute équité dans ce pays et lorsque les Congolais arriveront à manger, boire à leur soif, se soigner et travailler.

Sans quoi, les hommes du pouvoir de Mpila ne sont que des vrais faux artisans de la paix. Quiconque se sentira morveux n’aura qu’à se moucher puis changer. Ou encore ouvrir un débat réellement intellectuel sur la paix. Mais attention un
Aléa jacta est.

Lu pour vous,

Rangot Tsasa

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