www.ucdp-info. com 07Mai 2009
"Les Nouvelles crises sont porteuses, d'un nouvel avenir du Congo" dixit Jean Kalama-Ilunga
Par Freddy Mulongo, jeudi 7 mai 2009 à 14:36 :: radio :: #367 :: rss
Jean Kalama-Ilunga, secrétaire Général de l'Ucdp
Faut-il faire l'autopsie de cet article de Jean Kalama-Ilunga ? Faut-il nécessairement provoquer une nouvelle crise pour résoudre les différentes crises qui sévissent en République Démocratique du Congo ? Jean Kalama-Ilunga, le secrétaire Général de l'Ucdp a-t-il raison dans son analyse ? Que peut-on sortir de ce texte sans en "censurer" l'auteur ou le vouer aux gémonies ? Plusieurs questions se posent suite à cet article. Pourquoi les internautes ont laissé filer ? La vigilance a-t-elle baissé ?
En tant que politique ayant des convictions fortes, je suis exposé aussi à la subjectivité donc à l’erreur d’analyse, je le reconnais!
Mais, pour aider mon pays, il est nécessaire de promouvoir une approche objective qui tient compte des réalités de l’environnement mondial qui évolue chaque jour et évidemment des réalités locales!
A ce titre, Je me fais violence afin de contenir ma colère et ma révolte. je suis effectivement un homme en colère et révolté contre ce qui se passe dans mon pays la RDCongo et sur le scénario qui s’y déroule sous forme de résolution de crise. En colère et révolté également face à l’ostracisme délibéré contre les victimes des crimes de guerre, des viols privées de justice ! Enfin,Je suis en colère et révolté face au pouvoir congolais qui, sournoisement, s’efforce d’imposer un vernis de ’’paix’’ en piétinant la justice qui est pourtant la garante de toute paix sérieuse et durable.
Mon pays demeure un nain politique, social, économique, à cause de la défaillance humaine
Situé au cœur du continent africain, la République Démocratique du Congo est un pays immense du point de vue de la superficie et elle dispose des potentialités évidentes notamment, une position géostratégique avantageuse si elle est bien exploitée, des réserves énergétiques et minéralogiques qui n’appellent pas à l’indifférence, une diversité écologique ainsi que plus ou moins ¾ de la forêt vierge de l’Afrique tropicale .
Forcément, cette description de mon pays ne peut que me donner de la fierté d’une part ! Malheureusement et paradoxalement, d’autre part, mon pays demeure un nain économique, social, politique à cause d'un manque de volonté politique et de la défaillance humaine.
En effet, face à la complexité des problèmes inhérents à l’exercice du pouvoir, le pilotage de la RDCongo impose aux dirigeants une volonté et des qualités exceptionnelles indispensables pour dépasser les contraintes et les contradictions à court terme voire, pour sortir notre pays de la tyrannie du hasard et du joug des déterminismes qui sont un frein pour la construction de l’avenir de la RDCongo !
Pour comprendre d’abord ce qui se passe autour de nous et pour savoir distinguer dans notre environnement les contraintes et les opportunités de façon à les influencer ou à nous adapter pour y faire face, disposer d’un état d’esprit inspiré des principes de l’anticipation est l’indication appropriée!
A cause de la défaillance humaine, la République Démocratique du Congo est depuis plusieurs années le théâtre des atrocités consécutives à l’incurie d’une crise multiforme délibérée!
Pour cette occasion, j’ai pris l’option de focaliser mon intervention sur ces crises afin d’en donner un sens pour qu’elles soient porteuses d’espoir !
Sortie du crise : En RDCongo, les crises s’entremêlent.. . : crise d’hommes, crise de pouvoir, crise de moralité,
Comment sortir des crises comme celles qui sévissent en RDCongo, lorsqu’on n’en saisit pas les tenants ni les aboutissants? Quand est-ce qu’on peut dire qu’il y a crise?
Les crises classiques dans un jeu d’acteurs sont souvent consécutives à l’absence de régulation ou de règles du jeu adaptée voire au refus de s’adapter aux nouvelles règles du jeu!
Mais, dans mon pays, la RDCongo , les crises s’entremêlent de telle sorte que, si, pour les crises classiques, pour en sortir, il convient de s’adapter en instaurant les nouvelles règles de jeux locales ou internationales afin de maîtriser les mutations et ne pas seulement les subir, ce chapelet de crises de chez moi sont devenues des rigidités structurelles difficiles à éradiquer du fait de leur accumulation au cours de nombreuses années si bien qu’il est hasardeux de s’y attaquer sans risquer d’en provoquer d’autres!
La communauté internationale à savoir les Nations Unies était intervenue plusieurs fois pour organiser la sortie de crise en RDCongo en apportant et en appuyant comme nouvelles règles du jeu : l’impunité! Les criminels de guerre, les violeurs, les pilleurs reçoivent, sous l’égide de l’ONU, l’immunité et les postes de pouvoir en prime! Ces criminels, arrivés au pouvoir politique noyautent et bloquent le système judiciaire qui privent aux victimes l’accès à la justice!
Le cas probant de la négociation gouvernement- CNDP est le copier-coller de ce qui s’était passé avec le Rcd de Ruberwa et consorts! Les mêmes ingrédients sont utilisés notamment celles qui concernent la soit-disant minorité tutsi en RDCongo où chaque tribu est pourtant une minorité par rapport à toutes les autres!
Pendant 5 ans, nous avions assisté à des scènes de violence qui avaient semé la mort et la désolation. En quelques jours, les Nations Unies qui avaient déjà fait preuve de son instrumentalisation contre la RDCongo , ont couvert la mascarade consistant à abuser du slogan’’ paix ’’ par la voie de la facilité consistant à installer la paix sur base d’ingrédients du débat de société de nature conflictuelle!
A la lumière de tout ceci, il apparaît qu’il n’y a aucune volonté politique réelle de changer les choses dans le sens des aspirations des congolais qui aspirent profondément à la paix, à la justice et à la souveraineté! La justice et la paix étant indissociables! N’en déplaisent à certains!
Après la grande guerre des années 1940 à 45, il avait fallu frapper fort avec le procès de Nuremberg comme variable clé du processus pour la réconciliation et la paix durable en Europe. En France, le maréchal Pétain était déferré devant la justice pour haute trahison et il y était condamné à mort avant d’être gracié!
Il est avéré qu’en RDCongo, le blocage délibéré de la justice à l’encontre des criminels de guerre, de génocide et autres viols dans le processus de paix est générateur d’autres crises et de germes de conflits futurs!
Face à la complexité des crises qui sévissent en RDCongo et, pour éclairer, en particulier, l’opinion congolaise en vue d’optimiser la compréhension en profondeur pour se défendre, Je me suis interrogé si, à cette table ronde, je ne devrai pas faire de la redite sur les faits tant décriés que, d’ailleurs les premiers intervenants ont développé brillamment chacun à sa façon! Mais, après réflexion, j’ai résumé ma pensée au travers l’intitulé de ma communication :"La nécessité pour le changement en vue de la construction d’un nouvel avenir par des crises dites porteuses d’espoir".
La plupart des pays sont confrontés aux mêmes mutations de l’environnement international, mais, l’origine des crises varie d’un pays à l’autre parce qu’elle est plus interne qu’externe!
C’est pour cette raison, d’ailleurs, que toute sortie de crise devra, avant tout être cherchée en interne!
Autrement dit, dans un même système normal, la crise résulte de l’opposition entre les forces du changement à savoir géopolitique, sociale, économique face aux forces d’inertie comme les mentalités, les comportements collectifs, les structures politiques, sociales ou juridiques….
Dans un jeu d’acteurs, la crise s’installe lorsque le changement de rapport des forces est suffisamment puissant pour perturber les anciennes règles du jeu mais pas assez pour en imposer des nouvelles! Dans ce cas, le système restera déréglé et en crise constante tant que durera la phase de transition pendant laquelle l’ancien ordre continue à investir le terrain alors que le nouveau n’est pas né!
La RDCongo est en plein dans ce délire! L’ancien système qui constitue l’essentiel des forces d’inertie, continue effectivement à envahir l’espace national avec tout son lot de tares à savoir la corruption à tous les niveaux, l’impunité institutionnalisé e, le mensonge politique!
Quant aux forces du changement, elles n’ont pas pu imposer les nouvelles règles du jeu qui correspondent aux aspirations du peuple étouffées!
Des interrogations restent toujours les mêmes :
1. Comment provoquer l’indispensable changement des comportements et des structures socio-organisationn elles ?
2. Que faire pour s’attaquer aux rigidités structurelles évoquées précédemment ?
3. Comment et par qui trouver la volonté politique suffisante pour provoquer le changement ?
Je ne peux pas terminer, sans proposer quelques pistes en vue de la sortie des crises. Pour le cas de la RDCongo , il n’est pas évident de sortir d’une seule crise sans provoquer la naissance d’autres crises qui vont rejoindre le chapelet de crises qui s’y enchevêtrent: crise d’homme, crise politique, crise économique, crise sociale, crise de souveraineté, crise de moralité, crise de pouvoir
Quête de crise majeure génératrice de nécessité pour le changement
- A mon humble avis, à défaut de la possibilité d’une nouvelle donne sociale, il faudra, hélas! hélas! plus et encore des crises pour que s’imposent les transformations et les adaptations nécessaires en opposition aux résolutions-marchand ises pour la paix en RDCongo qui n’ont été que des occasions créées pour installer au pouvoir des criminels, et autres violeurs!
- En revanche, tout en étant pessimiste pour le court terme, je reste optimiste pour le long terme parce qu’en effet, certaines crises bien qu’elles soient porteuses des menaces, peuvent être aussi porteuses d’opportunités de changement qu’il faut saisir! Ce changement devra sortir d’un consensus dicté par la nécessité ! De ce fait, certaines crises sont porteuses d’espoir parce qu’elles ont le mérite de provoquer effectivement la nécessité!
Au regard de la manière dont sont menées les résolutions de crises en RDCongo à savoir dans l’opacité totale derrière laquelle :
- les congolais sont exclus du débat politique, bien que concernés au premier chef par toute décision prise dans leur propre pays,
- les victimes des viols, des massacres sont privées délibérément de justice tandis que les violeurs, les criminels, les pilleurs reçoivent en prime les postes de pouvoir et l’amnistie de fait au nom d’une ’’paix’’ sans contenu,
- l’armée est fragilisée et infiltrée à tous les niveaux, les institutions sont déstabilisées,
- le pouvoir politique manque de leadership et il est assujetti aux intérêts qui ne sont pas ceux du peuple congolais et à un pouvoir étranger!
Seule une crise majeure est susceptible d’engendrer la nécessité pour le changement! Plus de 6 millions de congolais qui avaient péri par les massacres consécutifs à certaines crises imposées au peuple congolais, sont privés de justice parce que les commanditaires font du lobbying pour bloquer toute action judiciaire contre les criminels de guerre, les pilleurs, les violeurs, les responsables du génocide en RDCongo!
En RDCongo, l’action de l’ONU, instrumentalisé e par le groupe d’intérêt que nous avons déjà identifié et dénoncé, a perdu toute crédibilité, elle ne pourra la recouvrer que si elle lance, sans état d’âme, des mandats de comparution à la CPI contre les commanditaires!
Pendant le débat modéré par le journaliste Jacques Matand de radio Okapi, la présidente de RIFEN Nord-Pas-Calais Madame Eliane Aissi qui a introduit la rencontre, est intervenue pour dépassionner les échanges!
Quelques contributions intéressantes ont démontré l’utilité de la table ronde pour l’éveil des consciences et l’engagement populaire pour la lutte contre la tragédie humaine qui sévit à l’Est de la RDCongo , notamment les contributions de l’association Objectif Congo pour la mobilisation de la jeunesse, de Monsieur Eva Lumanisha qui a plaidé pour la création d’un collectif pouvant servir de support pour la sensibilisation des dirigeants du monde, du professeur Loseke qui a fait remarquer que la lutte contre les viols, … ne doit pas être l’exclusivité des seules femmes !
Pour terminer, madame Christine Boko a lancé un appel solennel à tous les congolais pour un éveil patriotique pour faire face aux adversités multiformes imposées au peuple congolais!
Nous l'avions évoqué depuis plusieurs mois. Joseph Kabila et Paul Kagamé viennent de passer une autre étape du plan d'occupation du Kivu par la Rwanda.
Sur le prétexte de pourchasser les FDLR, l'occupation du Kivu(Nord et Sud) par l'armée rwandaise se fait de façon très habile et insoupçonnée sous "anesthésie générale" . Avec les opérations mixage avec les troupes du CNDP et Umoja wetu (notre unité), le Rwanda vient d'infiltrer des milliers de ses soldats dans les FARDC avec la complicité actuellement explicite de Joseph Kabila. Ces militaires de RDF(rwanda défense forces) désarment et chassent tous les militaires de FARDC partout où ils s'installent dans le Kivu. La majeur partie des brigades des FARDC ont été récemment mutés dans d'autres provinces pour laisser la place aux prétendus troupes des FARDC issues du CNDP mais qui en réalité sont des éléments de RDF infiltrés au Kivu.. Il va certainement se crée un état de fait : un pays, deux systèmes de gouvernement. L'ouest du pays dirigé par Joseph Kabila et l'est du pays sous la coupe de Kagamé mais seulement pour le contrôle et le pillage des ressources du Kivu. Celui qui a l'armée; c'est celui-là qui contrôlera le pouvoir et les richesses du Kivu. Sarkozy avait déjà préconisé cela : Le partage d'espaces et des richesses de la RDC avec le Rwanda voisin.
C'est ce qui s'applique actuellement. Qui vivra verra....
Lu pour vous,
Rangot Tsasa
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