Friday, 29 May 2009

Congo Brazzaville: Elections 2009: Vive Sassou?

Présidentielle 2009 : Pour ou contre un coup d’état au Congo ?
Auteur: Wilfrid BOUTSIELEKA


Non Sassou ne partira pas de lui même. Il ne démissionnera pas, Ngouelondélé n’a pas pu le lui imposer. Il n’organisera pas les élections pour les perdre, il a évité une CENI, l’opposition n’a pas réussi. Rassuré par son armée privatisée et tribalisée, dont plus de 70% des généraux sont des parents, comptant sur ces cobras à la gâchette facile, les mig 22 de Dos Santos, il ne reculera pas malgré la clameur des cris désespérés qui s’élèvent des quatre coins du territoire national. Trop c’est trop, Sassou doit partir, c’est là le vœux le plus ardent de la majorité des congolais dont l’évocation de son seul nom, est devenu synonyme de : manque d’eau , électricité, de soins, d’éducation, de salaires équitables, d’immoralité, de gabegie , de corruption, de bien mal acquis. Oui, trop c’est trop, mais comment le faire partir ? Par boycott du scrutin, par coup d’état ou par désobéissance civile ?

Pour le boycott du scrutin?

Ce serait peine perdue. D’ailleurs, le pouvoir travaille activement pour empêcher Poungui et
Dzon » les deux grands candidats les plus craint dans cet affrontement électoral. Pour réussir, la méthode est simple:Phagocyter l’opposition radicale en suscitant les jusqu’auboutistes dont le discours virulent agrémente, consciemment ou inconsciemment, le thème de campagne de Sassou
sur la paix. Amener ces deux candidats potentiels à organiser la désobéissance civile avant même la date buttoir des élections, pour les disqualifier. Créant ainsi devant lui un grand boulevard électoral où il ne restera plus qu’à écraser les petits candidats de façade comme Miokono, Fila, Nkounkou, Boukadia,.. A quoi peut bien servir le boycott, dès lors que pour tout dictateur, sans état d’âme (comme Mungabé autoproclamé sans candidat adverse) et ayant le conseil constitutionnel dans sa poche, l’abstention (même à 99%) n’est qu’une aubaine. L’absence des candidats de l’opposition ne pouvant empêcher Sassou de gagner frauduleusement, le boycott est donc une stratégie qui conforterait Sassou au pouvoir pour une éternité.

Pour un coup d’état ou une désobéissance civile ?

Une désobéissance civile n’est pas un coup d’état. Cependant, les deux présentent quelques similitudes: Un leader ou un homme « fort », un acte fondamental en lieu et place de la constitution, une période transitoire, un gouvernement d’union, un référendum suivi d’élections générales, promises et souhaitées transparentes , mais qui ne le sont vraiment que si « l’homme fort » est interdit d’être candidat.

Le coup d’état

Généralement, le coup d’état, plus facile à réaliser, exige une poignée d’individus qui s’emparent du pouvoir en un laps de temps. Il ne se décrète pas, il ne se prépare pas dans la rue.Il épargne le peuple des exactions et toutes sortes d’affres. Mais pas pour longtemps, juste le temps de faire le ménage et faire semblant d’être mieux que celui qui a été renversé. Sitôt les bruits de bottes finis, le droit et le bon sens prennent le chemin de la forêt et la dictature s’installe, souvent plus féroce qu’auparavant : des exemples étayent cette : au Chili, Salvador Aliendé, le syndicaliste, écopa un coup par Pinochet qui devint tristement célèbre avec ses escadrons de la mort. Au Congo, Yhombi qui remplaça Ngouabi imposa une austérité de vie à sens unique. Baptisé la « VDA »(vivre durement aujourd’hui pour mieux vivre demain) les congolais ne purent résister à la famine que grâce l’heureuse invasion providentielle des sauterelles verts « mintsongui ». Pendant ce temps, lui même sablait quotidiennement champagne et festoyait à se rompre l’estomac. Sassou, se révéla très tôt plus dictateur que Nguabi assassiné à l’autel Mistral par ses bourreaux. Il est établit que le coup d’état, offre au peuple, un pouvoir fondé sur la dictature et qui ne profite qu’à une poignée d’individus.

C’est le moyen le plus sûr pour conserver le pouvoir sans trouver des solutions adéquates et durables à tous les maux qui minent la vie politique et socioéconomique d’un pays. Souvent ce sont toujours les proches et fidèles compagnons (Campaoré contre Sankara), un soldat de la garde rappochée (J .Kabila contre sa garde ), Ceux qui occupent les postes stratégiques dans l’armé :Ngouabi contre M.Débat , dans certains cas : un brave officier ou un simple soldat (en Guiné ou au Libéria Samuel DO)

La désobéissance civile

Contrairement au coup d’état, la désobéissance civile implique les acteurs concernés dans une relation triangulaire plus complexe et semblable à celle que les pompiers appellent, en sécurité incendie, les éléments constitutifs du triangle du feu. Pour allumer ou éteindre un feu il faut en effet trois éléments simultanés à savoir :

1°-un comburant c’est à dire de l’oxygène ( constitué ici d’un leader ou des candidats+un projet+un programme communs + des stratégies fiables et adaptées +un discours mobilisateur.

2°- un combustible c’est à dire le peuple (courageux et déterminé à braver le
pouvoir, un peuple qui s’identifie à un programme prédéfini et à un leader ou à un groupe de leaders unis pour combattre, gagner et gouverner ensemble sur la base d’une plate forme commune)

3°- une énergie d’activation : c’est à dire la source de chaleur, l’étincelle, le stimulus déclencheur. L’expérimentation a démontré que le feu n’est possible qu’en associant les trois éléments simultanément La soustraction d’un et d’un seul des trois éléments rend le feu impossible. Il convient aussi de faire remarquer que comme dans une lutte contre un incendie , le pouvoir dispose des moyens sophistiqués pour combattre toute sorte de feu ou de désobéissance civile. Connaissant la nature du régime, sanguinaire, et celle de l’armée, fanatique et non républicaine, Il est nécessaire que certains leaders qui promettent au peuple ou à leurs militants le bras de fer contre le pouvoir, mesurent bien les rapports de forces. Pour continuer à développer la stratégie de la désobéissance civile, l’opposition devrait d’abord s’assurer qu’aucun de ces trois éléments indissociables ne fera défaut et que les moyens de riposte ingénieux et appropriés paralyseront la furie du pouvoir. A ce jour, même si les stratégies relèvent du domaine du secret, on observe que l’état du combustible- le peuple- qui ressemble plus à un bois vert qu’à un bois sec semble peu inflammable. L’opposition , manquant d’unité, de projet et de programme communs et ne disposant pas de stratégie conséquente, le mouvement de désobéissance risquerait d’être gravement asphyxié faute d’oxygène suffisante pour maintenir la flamme. Si l’opposition succombe à la tentation du boycott passif du scrutin il faudrait craindre que l’énergie d’activation soit trop faible pour déclencher le processus. Si la participation se fait de façon sectaire et continue à créer des dissensions (accepter et bouder en sourdine par les uns et les autres), la désobéissance deviendrait un pétard mouillé ou une grenade mal dégoupillée qui éclatera sur ses auteurs et fera plus de dégâts dans les rangs de l’opposition et des militants que du pouvoir.

Pour être pris au sérieux, l’opposition ne dispose plus que 25 jours pour convaincre. Au-delà du 19 juin , date de début de campagne, tout discours prônant le boycott ou la désobéissance civile.
Sans en dessiner les contours, ressemblerait à une simple diversion ou une manipulation propice au pouvoir. Tout candidat qui se sentira à mesure d’affronter Sassou n’aura plus de permission à demander à ses concurrents, après tout, l’élection présidentielle n’est-ce pas un candidat face à un peuple ! Sûr qu’au 2ème tour, guidé par l’orgueil national, l’unité se fera d’elle même pour terrasser le tyran.

Alors pour liquider le système politique de Sassou et renverser le dictateur, nous faudra t-il un coup d’état ou une désobéissance civile ? that is the question !

Lu pour vous dans Zenga Mambu,

Rangot Tsasa

No comments:

Post a Comment