Thursday 14 May 2009

La Chine et l'Afrique

Pourquoi la Chine s’intéresse-t-elle tant à l’Afrique ?

« C’est véritablement s’enrichir, que de s’ôter ses besoins. » (Proverbe Chinois).

« Ce que le vieillard voit assis, l’adolescent ne le voit pas debout. » (Proverbe Africain).

Qu’est ce qui pousse la Chine à s’investir autant en Afrique ? Satisfaire ses besoins en ressources naturelles nécessaires à son décollage économique ? S’implanter comme la première force économique dans un marché porteur encore très peu développé ? Quelles attitudes doivent avoir les pays africains ?

La Chine, fait décidément les choses en grand et pas comme tout le monde ! Sa politique étrangère est essentiellement basée sur la coopération économique à grande échelle, sans doute se sent-elle mal placée pour donner des leçons aux autres en matière de démocratie et de droits sociaux.

Sa démarche découle de sa propre histoire, de son ambition grandissante pour le leadership économique mondial, mais aussi d’une volonté manifeste de contrer celle des puissances occidentales au passé marqué par le combat démocratique et la colonisation, et dont les relations économiques avec les pays en développement en général, et d’Afrique en particulier, supposent souvent une contrepartie politique plus ou moins discutable.

L’Empire du Milieu, qui a, à peine, cinquante ans d’histoire diplomatique avec les pays Africains, mise donc sur l’Afrique, plus que toute autre puissance mondiale, et se présente, plus que jamais, comme le champion économique de la coopération Sud-Sud.

Cet engouement chinois pour l’Afrique est réglé par la Conférence du Forum Economique Sino-Africain, initiée à l’automne de l’année 2000 à Pékin - et qui est, depuis, à sa troisième édition (décembre 2003 et novembre 2006) - ainsi que par une action chinoise diplomatique, culturelle et de renseignement économique très offensive en Afrique. Il constitue aujourd’hui une réalité qui ne laisse pas indifférentes les autres puissances mondiales.

Outre son engagement, dans le cadre du plan d’action sino-africain 2007-2009, à annuler les dettes pour 1, 4 milliards de dollars de 31 pays pauvres lourdement endettés et des pays les moins développés en Afrique, et l’extension de l’application de taxes nulles à des importations africaines, la Chine a fixé en 2006 comme objectif de porter, à l’horizon de 2010, le volume de son commerce avec l’Afrique à 100 millions de dollars, alors que ce volume progressait de 297% au cours de la période 2000-2005, passant de 10 milliards à 39,7 milliards de dollars [1].

Cet objectif a déjà été dépassé en 2008 selon le ministère chinois du commerce (106,8 milliards de dollars) [2]. Par ailleurs, un Fonds de placements chinois, d’un milliard de dollars, a été mis en place pour consolider les liens entre les entreprises chinoises et les États Africains. Quant aux investissements directs chinois en Afrique, ils ont dépassé les cinq milliards de dollars en 2008 [3].

Quelles sont donc les raisons de l’intérêt qu’accorde la Chine à sa coopération avec le continent Africain ?

Le modèle chinois : l’économie d’abord

Le régime chinois fonde sa stratégie de développement, initiée dans les années 1980, sur la montée de la croissance économique par étapes qui devait emmener le pays, d’abord, vers une autosuffisance alimentaire et en habillement au bout de dix ans, puis vers un niveau comparable aux pays moyennement développés en 2010.

Le cap est fixé par les autorités de Pékin à l’année 2050 pour aboutir progressivement à une économie socialiste de marché, moderne et puissante, un régime démocratique et un niveau de vie comparable aux pays les plus développés [4].

Cette stratégie devait donc s’accompagner par une politique d’ouverture progressive sur les plans politique, économique, financier et commercial.

L’Afrique : source de matières premières et marché gigantesque peu développé

En s’engageant en Afrique, la Chine, ne fait donc que conforter sa propre stratégie globale de développement économique.

Il y a d’abord l’approvisionnement en matières premières appelées à être de plus en plus importées par la Chine, compte tenu des objectifs de croissance prévisionnels du système de production chinois, fort ambitieux et très soutenus par les autorités chinoises.

Pétrole brut, minerais de fer, produits sidérurgiques, bois de grume, diamant, minerais de manganèse, produits en cuivre, minerais de cuivre, coton… représentent 87% des importations chinoises en provenance d’Afrique [5].

Pour l’or noir, et dans un souci de diversifier ses sources d’approvisionnement, risques géopolitiques au Moyen-Orient obligent, l’Afrique constitue depuis quelques temps déjà le deuxième fournisseur de la Chine, avec un peu plus du quart des importations chinoises [3].

L’Empire du Milieu intègre également dans son positionnement en Afrique le souci de s’imposer, à terme, en tant que première force économique dans un marché gigantesque et qui reste très peu développé. Les entreprises chinoises sont ainsi encouragées à investir les secteurs porteurs en Afrique et à forte valeur ajoutée - bâtiments & travaux publics, technologies de l’information, pêche, énergie & mines … - et à tisser un réseau de relations économiques influentes en Afrique.

Et dans son approche, la Chine est confortée au moins par deux atouts : des avantages comparatifs indéniables de l’économie chinoise à l’égard de celles des autres puissances mondiales (Etats-Unis, Europe, Japon) et l’idée, que la chine elle-même prouve, selon laquelle la démocratie n’est pas un préalable nécessaire au développement économique.

Quelles exigences pour un partenariat Sino-Africain gagnant-gagnant ?

D’aucuns reprocheraient, à juste titre, les conditions infligées par les entreprises chinoises aux travailleurs Africains - rémunération, sécurité, libertés syndicales… -, le non respect de l’environnement, voire la protection politique par la Chine de certains régimes Africains plus ou moins contestés.

D’autres rétorqueront que l’occident n’a pas fait mieux que la Chine jusqu’ici en termes d’investissement en Afrique, avec l’échec auquel ont mené les conditions imposées par l’occident aux pays africains en matière de coopération économique, via la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International. Ils ajouteront, sans doute, que rien ne garantit qu’une partie des aides économiques occidentales allouées aux pays Africains les plus pauvres, ne finit pas dans les comptes ouverts auprès des banques américaines ou européennes par les membres de leurs régimes.

Il n’en demeure pas moins que seules une classe politique et une société civile Africaines, réellement acquises à la cause de leurs populations, peuvent trancher entre ces opinions.

En instiguant des partenariats économiques gagnant-gagnant avec toute puissance mondiale qui le souhaite réellement comme la Chine, respectant l’histoire, la culture et les énormes potentialités des pays Africains, l’Afrique a largement les moyens d’échapper à la misère et au sous développement dans lesquelles baigne une majorité de sa population.

Rangot dixit: Qui ne voudrait pas s'enrichir au détriment de l'Afrique? Depuis le temps que je ne cesse de parler de la main mise des occidentaux, personne n'a voulu croire que cela est a la base de non developpement du continent africain. Et maintenent la Chine arrive en toute vitesse. J'ai peur de la réaction des occidentaux.

Lu pour vous,
Rangot Tsasa

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