Monday 18 May 2009

RDC: Des chambardements s’annoncent...

Il s’annonce pour le mois de juin prochain assurément un chambardement dans l’appareil du pouvoir au regard des signaux que le Chef de l’Etat lui-même en donne en commençant par annoncer sa quête de quinze collaborateurs sûrs, ce qu’il prépare sans doute dans le retrait qu’il a pris à Lubumbashi.

KabilaDepuis le temps que se propage la rumeur sur un profond réaménagement de l’appareil du pouvoir auquel s’apprête à procéder le président de la République, l’air se révèle de plus en plus irrespirable au sein du landerneau politique. L’at­mosphère risque de virer carrément à l’étouffe­ment à présent que le chef de l’Etat vient de pré­ciser, à la faveur d’une interview au journal belge « Le Soir », son intention de faire bouger les si­gnes dans les différentes structures qui partici­pent à la gestion du pays.

Ce sera donc en juin prochain que Joseph Kabila dévoilera son plan de bataille pour le par­cours restant de son quinquennat, à travers la mise en place de l’équipe de choc à la composi­tion de laquelle il a dit continuer de réfléchir.


15 personnes engagées

A en juger par le ton qui perce à travers cette inter­view, il apparaît que le prési­dent de la République ait at­teint aujourd’hui le point de non-retour au regard des promesses électorales et du che­minement de son programme dans un contexte pour le moins délicat que ni lui ni per­sonne d’autre à l’époque ne pouvait imaginer. D’où cette sorte de désenchantement en reconnaissant que le chemin à faire est encore 1ong tout en le tempérant par une pointe d’assurance que « l’es­sentiel est d’avoir com­mencé ».

De cette perception de la situation qui, si elle n’in­cite pas à l’euphorie, ne sau­rait pas non plus conduire à l’abattement, Joseph Kabila dégage un formidable chal­lenge qui exige la combinai­son d’une vigoureuse prise de conscience collective et une forte concentration d’engage­ment dans le chef des hommes et des femmes sur les­quels repose la responsabilité d’aider le chef de l’Etat à l’accomplissement du vaste des­sein qu’il rappelle avoir conçu pour le pays, à savoir « la paix, la réconciliation et le déve­loppement ».

Or, à cet égard, le pré­sident de la République donne à conclure que bien peu de ceux qu’il a choisis pour oeuvrer à ses côtés aussi bien dans son cabinet et à l’Exé­cutif que dans les instances de la coalition qui le soutient pourraient se prévaloir d’avoir mérité de sa confiance.

Aussi retire-t-on l’impression que Joseph Kabila traîne comme un boulet cette insatisfaction du travail accompli par bon nombre de ses collaborateurs, et cette frustration de ne pou­voir réellement jurer que sur la portion congrue du large éventail du personnel politi­que.

Si bien que cette insis­tance sur la nécessité pour lui de disposer d’un minimum de 15 personnes dûment déter­minées pour l’épauler dans son immense tâche apparaît désormais comme une véri­table obsession qui ne laisse place à aucun doute sur sa « rage » de secouer le cocotier, exercice qui ne manquera sû­rement pas de réserver quel­ques surprises de taille.

En effet, Lorsqu’une première fois dans une inter­view au « New York Times », il avait indiqué n’avoir pas encore trouvé ces 15 « croi­sés » qu’il estime devoir lui suffire pour « transformer » le pays, pour bon nombre d’ob­servateurs, le chef de l’Etat avait certainement force le trait. Eh bien non, Joseph Kabila était bien en phase avec ses propos. A preuve, cette deuxième interview, cette fois-ci au journal belge « Le Soir », au cours de la­quelle il a enfoncé le clou: la sélection « in petto » des 15 va­leurs sûres dont il a besoin se poursuit.

Qui seront-elles ?

Deux indications puisées dans l’interview livrent la clé de l’idée que le président de la République se fait des 15 personnalités hors du commun qu’il s’efforce de dénicher parmi la multitude qui hante les allées du kabilisme. Première évidence à mettre en relief: la pratique des hommes ne s’improvise pas. Elle s’exerce à travers une minutieuse observation qui s’affine au fil du temps.

Deuxième évidence qui saute aux yeux: la con­naissance d’un individu ne résulte pas d’une rencontre furtive. Elle procède de con­tacts permanents ou suivis grâce auxquels se révèle au bout du compte la personnalité de l’autre.

Ceci revient à considé­rer que le critère détermi­nant qui va guider le chef de l’Etat dans le choix des 15 « supermen » repose essen­tiellement sur « la bonne con­naissance de la personne » au terme d’une période rai­sonnable d’observation por­tant en l’occurrence sur les capacités de travail et l’in­tégrité morale de celle-ci.

En clair, le président de la République n’est pas à la recherche « d’oiseaux ra­res » qui descendraient d’on ne sait quelle planète. Il est seulement en train de se li­vrer à une revue des effec­tifs parmi ceux et celles qu’il connaît pour les avoir déjà vus à l’oeuvre ici et là, avant de procéder par élimination pour n’en retenir que 15 qu’il aura vraiment jugés dignes de faire partie du club restreint des « hommes du Président ».

Où seront-elles placées ?

En suivant attentive­ment, sur le sujet, les deux interviews accordées par le président de la République à un mois d’intervalle respecti­vement au « New York Times » et au « Soir », l’on se rend compte que ce qui désole Jo­seph Kabila n’est pas tant l’étendue du champ pour dé­plorer l’insuffisance d’ouvriers, mais essentielle­ment la pénurie d’ouvriers qualifiés au regard de la na­ture des produits à cultiver.

La qualité plutôt que le nombre, ainsi pourrait-on résumer à cet égard la quête du chef de l’Etat. Et ce, en fonction des exigences liées aux défis à relever pour mener à bonne fin les 5 chantiers de la Républi­que, exigences au nombre desquelles la bonne gouvernance et la tolérance zéro en mature d’impunité occupent une place prépondérante.

D’où la formule que l’on peut prêter à Joseph Kabila sans trahir sa pensée : « l’homme qu’il faut à la bonne place », autrement dit à titre illustratif, si le ministère de la Santé est bien la place qu’il faut pour un médecin en rai­son de la comptabilité des com­pétences, ce n’est pas forcement la bonne place pour un médecin dès lorsque ce der­nier révélerait dans son com­portement des penchants in­dignes non seulement du médecin qu’il est, mais aussi de l’homme d’Etat qu’il est censé être.

Bref, au-delà de la sym­bolique du chiffre 15, ce sont des hommes et des femmes qu’il aura personnellement pis­tés depuis quelque temps, compétents bien sûr, tra­vailleurs. « 24 heures sur 24 », soucieux du bien-être de la po­pulation à l’instar du président lui-même – « Je ne veux exé­cuter que la volonté de notre population », a-t-il martelé dans l’interview –, et imper­méables à la corruption que Joseph Kabila s’apprête à pla­cer au bon endroit, c’est-à-dire là ou en toute confiance il les juge aptes à donner le meilleur d’eux-mêmes.

Il est à espérer que cette sélection qui s’annonce parti­culièrement rigoureuse offrira au peuple congolais une bro­chette de gestionnaires de la respublica d’un type nouveau pour véritablement incarner dans leur agir le renouveau attendu de la RDC.

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