Saturday 16 May 2009

Lisez Colette B.

Les plus pauvres privés de 40 milliards d’impôts

Quarante milliards d’euros, c’est le montant de l’aide que les pays européens, en dépit de leurs promesses, n’ont PAS versé aux pays du Sud. Si cette cette somme était effectivement allée aux pays les plus pauvres, elle aurait pu augmenter d’un quart les revenus des 380 millions d’Africains vivant dans la pauvreté absolue.
A la veille de la réunion à Bruxelles des Ministres européens chargés du développement, Concord, la confédération européenne des ONG d’urgence et de développement, pulvérise la bonne conscience des Européens qui proclament volontiers qu’ils sont les plus généreux des bailleurs. En effet, non seulement les gouvernements européens ne rempliront pas avant 2012 les promesses qui auraient du être réalisées en 2010, mais la plupart des pays donateurs ont gonflé artificiellement le chiffre de leurs efforts en comptabilisant comme aide au développement des annulations de dettes, à raison de 5 milliards d’euros, les 2 milliards liés à l’accueil des étudiants étrangers et le milliard d’euros que représente l’accueil ou le rapatriement des candidats réfugiés. Alors que l’Union se targue d’attribuer aux pays pauvres 0,40% de son revenu national, la réalité est bien différente : l’aide réelle ne représenterait que 0,34% du revenu national brut collectif. On est loin de objectif quasi mythique des 0,7%…
Il est vrai que les banques ont eu plus de chances que les pauvres : le sauvetage des seules Dexia et Northern Rock a mobilisé plus de 150 milliards de dollars.
Non seulement l’aide européenne est insuffisante ou en recul ( certains pays comme l’Italie, l’Irlande ou l’Estonie ont froidement réduit leur budget d’aide au développement) mais sa qualité est mise en cause. Les ONG relèvent que les bailleurs orientent l’aide en faveur de leurs propres priorités sans tenir compte des orientations des gouvernements bénéficiaires, qu’ils continuent à lier leur assistance aux biens et aux services fournis par leurs propres entreprises (ce qui n’est pas le cas de la Belgique…). En outre cette aide comporte trop d’assistance technique, mise en œuvre par des coopérants expatriés qui ne forment guère de relève, elle est peu transparente et trop souvent liée à des conditionnalités politiques.
Pour Elise Ford, du Bureau européen d’Oxfam, « les insuffisances ou la défection des bailleurs aggravent les effets de la crise dans les pays pauvres. Or ces derniers sont déjà confrontés à la chute spectaculaire des envois de fonds par les migrants (dont les montants étaient souvent supérieurs à celui de l’assistance internationale), à une baisse spectaculaire des échanges et des investissements étrangers. La vie de millions de pauvres est en jeu, de même que la réputation de l’Europe… »
Ce que les ONG ne relèvent pas, c’est que les Européens ne se contentent pas de ne pas tenir leurs promesses, ou de ne livrer qu’une aide très imparfaite et très intéressée : ils tentent aussi de freiner l’approche d’autres intervenants, des pays émergents qui, mondialisation aidant, souhaitent se rapprocher des pays africains.
L’exemple de la RDC est à cet égard très éclairant : alors que ce pays, en échange de ses matières premières a obtenu de la Chine d’importants engagements, comme la réalisation d’infrastructures routières et ferroviaires, les Européens qui seraient bien incapables de répondre à un tel défi, essaient de décourager les investisseurs chinois et exercent de fortes pressions sur les Congolais pour qu’ils modifient les contrats passés avec Pékin. Les Européens avancent comme prétexte le fait que ces contrats chinois risqueraient d’alourdir la dette extérieure du Congo, alors que les bailleurs sont priés d’en annuler une bonne partie, soit six milliards de dollars. En réalité, les accords passés avec la Chine sont des accords de troc, et la garantie de l’Etat qui ne vient qu’en troisième position, n’alourdirait certainement pas la dette dans la même mesure que les grands travaux dans lesquels se lancèrent les entreprises européennes du temps de Mobutu, qu’il s’agisse du barrage de Mobayi, de la cité de la radio télévision, construite par les Français, de l’échangeur de Limete, une passerelle tendue au dessus du vide où même du barrage d’Inga qui ne fonctionne plus qu’avec une seule turbine…

Lu pour vous,

Rangot Tsasa

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