Sunday, 10 May 2009
Le potentiel nous parle
Les divers groupes armés qui ont écumé, ou écument encore, l’Est de la RDC depuis 1998 ont persévéré dans la commission des atrocités à l’encontre des civils grâce à des ressources générées par un important trafic illicite des minerais. La demande de ces derniers allant croissant au niveau de l’industrie, notamment du téléphone portable, des voix s’élèvent, ailleurs, pour déplorer la passivité de la communauté internationale. Ce qui n’exonère en rien la responsabilité des institutions nationales, principales concernées.
Les minerais «du sang» ont encore de beaux jours. Frauduleusement extraits du sous-sol de la RDC, ils continueront à alimenter les groupes armés, nationaux et étrangers opérant dans l’Est du pays. En même temps qu’ils réconforteront le portefeuille des multinationales occidentales et orientales. Les victimes de ce complot demeurent les populations civiles congolaises soumises aux massacres, viols, pillages, à la famine, à l’exil interne ou externe.
Selon le dernier rapport du Groupe d’experts des Nations Unies, publié en décembre 2008, la cinquième plus grosse compagnie au monde de transformation de l’étain, Thailand Smelting and Refining Co (Thaisarco), achète du minerai d’étain à partir d’un exportateur qui se fournit auprès de mines contrôlées par les rebelles hutu des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR).
La Thaisarco appartient au géant britannique du secteur des métaux, Amalgamated Metal Corporation (AMC) Group. Les milices FDLR continuent de perpétrer de graves atteintes aux droits de l’homme à l’encontre de civils congolais dans le Nord-Kivu et dans le Sud-Kivu.
Soumettre les chaînes d’approvisionnement à un audit
À la veille de la Conférence mondiale de la téléphonie mobile, Barcelone (Espagne, 16 février 2009), Global Witness a demandé aux fabricants de téléphones portables de soumettre leurs chaînes d’approvisionnement à un audit complet afin d’exclure les minerais qui financent le conflit armé dans l’Est de la RDC.
Pour Global Witness, il existe un lien causal direct entre le commerce des minerais en provenance de l’Est de la RDC et les atrocités perpétrées à l’encontre des civils congolais. De récentes enquêtes menées par Global Witness et le Groupe d’experts des Nations Unies révèlent que les principaux groupes armés impliqués dans les combats se financent tous par le commerce de minerais de grande valeur. Lesquels produisent des métaux, dont l’étain et le tantale, qui entrent dans la fabrication des téléphones portables.
«Le conflit dans l’Est du Congo a été alimenté en partie par la hausse mondiale dans la demande pour les téléphones portables», a déclaré Annie Dunnebacke de Global Witness. Aussi, la Conférence mondiale de la téléphonie mobile (février dernier) a-t-elle souligné la nécessité pour les fabricants de mettre en place des ‘mesures de diligence raisonnable’ pour s’assurer que leurs pratiques d’achat n’alimentent pas le conflit.
Outre Global Witness, le Conseil de sécurité des Nations unies a, le 22 décembre 2008, voté deux résolutions comprenant des mesures visant à mettre un terme au commerce illicite de ressources naturelles qui alimente le conflit armé dans l’Est de la RDC. Le Conseil a adopté la résolution 1856 qui proroge et élargit le mandat de la MONUC et la charge d’«utiliser ses moyens de surveillance et d’inspection pour empêcher les groupes armés illégaux de bénéficier d’un appui provenant du trafic des ressources naturelles».
Toutes les parties au conflit se financent
La résolution 1856 engage également tous les États, en particulier ceux de la région, à prendre les mesures voulues pour mettre fin au commerce illicite de ressources naturelles. Dans la seconde résolution (1857), le Conseil a élargi son arsenal actuel de sanctions ciblées pour qu’elles incluent également «les personnes ou entités appuyant les groupes armés illégaux… au moyen du commerce illicite de ressources naturelles».
Au titre de cette dernière résolution 1857, les États membres ont 45 jours pour rendre compte au Conseil de Sécurité de l’ONU des dispositions qu’ils auront prises pour mettre en œuvre les mesures soulignées, y compris des sanctions appliquées aux personnes ou entités impliquées dans le commerce illicite de ressources naturelles.
Par ailleurs, des enquêtes récentes ont permis à Global Witness de mettre en évidence des éléments démontrant que toutes les principales parties au conflit dans l’Est de la RDC - aussi bien des groupes armés que l’armée congolaise - se financent, dans la plus totale impunité, au moyen de l’exploitation et du commerce des richesses minérales.
Parmi ces minerais figurent la cassitérite (minerai d’étain), l’or, le coltan (un composant essentiel des téléphones mobiles) et le wolframite (dont est dérivé le tungstène).
Qu’attendent les animateurs des institutions nationales pour s’approprier les démarches qui sont menées par les étrangers dans ce domaine ? Voilà une question qui rappelle la responsabilité du gouvernement, du parlement et de la justice de la RDC. Aide-toi, dit un adage, le ciel t’aidera.
Lu pour vous,
Rangot Tsasa
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