Friday 15 May 2009

Afrique du Sud: la politique étrangère devrait être reléguée au second plan avec Zuma

LE CAP (AFP) - 15/05/2009 10h10
Le nouveau président sud-africain Jacob Zuma, le 9 mai 2009 à Pretoria

Le nouveau président sud-africain Jacob Zuma devrait reléguer la politique étrangère au second plan, comme l'illustrent son programme axé sur l'amélioration des services publics et la nomination d'une novice à la diplomatie, se démarquant ainsi de son prédécesseur Thabo Mbeki.

Lors de son élection et sa prise de fonction la semaine dernière, M. Zuma a insisté sur les problèmes de politique intérieure: l'amélioration des services publics déficients, la lutte contre la pauvreté et la création d'emplois.

Il a ainsi repris les grands thèmes de campagne de son parti, le Congrès national africain (ANC), plébiscité notamment par la population noire et pauvre lors des élections générales du 22 avril.


Le nouveau président va "insister sur les problèmes intérieurs. Son programme va lui prendre beaucoup d'énergie et de temps", estime Tom Wheeler, analyste à l'Institut pour les affaires internationales à Johannesburg.
Une priorité qui tranche avec M. Mbeki (1999-2008), qui avait mis en avant le continent noir sur la scène internationale et s'était illustré en intervenant régulièrement dans les crises africaines, notamment en Côte d'Ivoire et au Soudan.



"Zuma ne sera pas un président de la politique internationale", prédit Aubrey Matshiqi, du Centre des études politiques, également basé dans la capitale économique.
M. Zuma, qui appartient à l'ANC comme son prédécesseur, n'a d'ailleurs pas reconduit Nkosazana Dlamini-Zuma au ministère des Affaires étrangères, un poste qu'elle occupait depuis dix ans.
Il a au contraire nommé une novice, Maite Nkoana-Mashabane. "C'est une grosse surprise", souligne M. Wheeler.
De fait, le mari de la nouvelle ministre des Affaires étrangères, aujourd'hui décédé, est plus connu qu'elle: Norman Mashabane a été reconnu coupable de 22 accusations de harcèlement sexuel en 2001.

Avant sa nomination à la tête de la diplomatie sud-africaine, Mme Nkoana-Mashabane a été ambassadeur en Malaisie et en Inde, "mais elle n'a jamais travaillé au ministère des Affaires étrangères en tant que tel", note M. Wheeler. Après l'Asie, elle a occupé un poste au niveau local, celui de ministre du Logement dans la province du Limpopo (nord).

De leurs côtés, les défenseurs des droits de l'Homme espèrent que le nouveau chef de l'Etat se démarquera, sur le fond, de M. Mbeki en matière de politique étrangère.
L'ancien président, très actif sur la scène internationale, a été critiqué pour sa proximité avec des régimes accusés de violations des droits de l'Homme (Zimbabwe, Soudan ou Birmanie...).
"Les Sud-Africains et leurs soutiens dans le monde, qui avaient tant d'espoir dans la direction de ce pays en terme de droits de l'Homme, se sont sentis trahis" par M. Mbeki, assure Georgette Gagnon, directrice du département Afrique de l'organisation Human Rights Watch (HRW).
M. Zuma a donc l'occasion de "restaurer la crédibilité de la politique étrangère sud-africaine", estime-t-elle.

Signe peut-être d'une évolution dans ce domaine: Mme Nkoana-Mashabane a affirmé jeudi que le dalaï lama, qui s'était vu refuser un visa pour l'Afrique du Sud en mars, était désormais "libre" de venir dans le pays.

Lu pour vous,
Rangot Tsasa

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