Monday 5 October 2009

Leopold II et la République Démocratique du Congo

Vérité Choquante : ce que les Congolais doivent connaitre sur le passage de Leopold II en R.D.C

Environnement

La République Démocratique du Congo (RDC) est un vaste pays d’une grande diversité géographique. Il borde l’Angola et la Zambie au Sud, la Tanzanie, le Burundi, le Rwanda et l’Uganda à l’Est, le Soudan et la République d’Afrique Centrale au Nord, et la République du Congo (Congo Brazzaville) à l’Ouest. Le pays tient son nom du fleuve Congo, à l’embouchure duquel la RDC possède un petit littoral stratégique sur l’Atlantique. Un ensemble de lacs, y compris le lac Tanganyika, bordent la frontière Est de la RDC. Ceci a fourni la topographie pour une guerre irrégulière sans doute la plus destructrice du monde au cours des dernières générations. La majorité du pays bénéficie d’un climat et d’une végétation tropicale ; de prairies dans le Nord, de montagnes dans l’Est - les plateaux plus arides du Sud sont les exceptions. La RDC possède d’immenses richesses minérales, y compris le cuivre, l’or, le diamant, le Colombo tantalite, le cobalt et le manganèse, mais ces ressources se sont révélées être une malédiction plutôt qu’une bénédiction.
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Texte

Peuples

Langues principales : le français (officielle), le lingala, le kikongo, le tshiluba, le swahili.

Religions principales : le Christianisme (principalement Catholicisme, mais aussi un Protestantisme Evangélique naissant dans les zones urbaines), le Kimbanguisme, un système de croyances néo-Chrétiennes fortement personnalisé dominant dans le Sud-ouest, des systèmes magico religieux traditionnels, et l’Islam. Les interactions entre une ou plusieurs de ces pratiques sont monnaie courante.

Les centaines de groupes ethnolinguistiques comprennent : les Kasaians, les Banyarwanda, les Hunde, les Nyanga, les Nande, les Bangala, les Batwa et les Bambuti. (Les statistiques appropriées ne sont pas disponibles).

Pour un pays comptant une population de presque 60 millions de personnes, estimée de manière variable être composée de 250 groupes ethniques et jusqu’à 700 langues et dialectes, les définitions des minorités sont complexes, même selon les normes de la région. L’ethnicité, bien qu’étant une force mobilisatrice puissante en politique, fut une catégorie particulièrement fluide et changeante, les agglomérations linguistiques et régionales étant recouvertes de facteurs tels que la religion, les classes et l’éducation. Aussi, les minorités les plus vulnérables ne sont pas nécessairement les plus petites ou les plus marginalisées.

Histoire

Les régions densément boisées furent depuis des millénaires les terres d’accueil aux chasses collectivement organisées et rassemblant des hordes de « Pygmées », terme générique recouvrant les Batwas des frontières de l’Est, en passant par les regroupements de Bakas sur la frontière avec le Congo-Brazzaville et la république d’Afrique Centrale. À l’orée des forêts et aux abords des rivières, les communautés agricoles et piscicoles montrèrent une différentiation sociale et économique beaucoup plus importantes. Au quinzième siècle, de puissants royaumes se développèrent dans le Sud et à l’Ouest du pays. Le plus important était le Royaume du Kongo, qui s’étendait dans toutes les directions depuis l’embouchure du fleuve Congo. Les explorateurs portugais arrivèrent vers la fin du 15ème siècle, suivis des missionnaires. Les marchands d’esclaves arrivèrent peu après, et s’engagèrent dans des affaires florissantes avec le Royaume du Kongo, qui avait précédemment appliqué la pratique dans des guerres locales de conquête. Les rapports européens accélérèrent les raids d’esclaves et contribuèrent à une dépopulation significative de l’intérieur du continent.

En 1881, le roi Léopold II de Belgique mit en place une variété unique de colonialisme dans ce qu’est l’actuelle RDC, s’octroyant la seule propriété du territoire entier et suivant des politiques brutales et exploiteuses au point de provoquer, même à cette époque, un tollé international. Les Congolais furent réduits à l’esclavage en masse pour la récolte du caoutchouc, de l’ivoire, et d’autres ressources pour le roi belge et ses concessionnaires ; les communautés qui ne produisaient pas durent faire face à des punitions collectives brutales, y compris l’amputation des mains et l’exécution. On pense que le régime diabolique de « l’État libre du Congo » de Léopold provoqua la mort de 10 millions de Congolais - et peut-être même jusqu’à trois fois ce chiffre. A partir de 1908, en réponse à la première campagne internationale soutenue en faveur des Droits de l’Homme, le territoire fut retiré de la possession personnelle de Léopold et devint une colonie ordinaire de l’État belge, appelée le Congo belge.

Les changements s’opérèrent lentement, mais le travail forcé continua, bien qu’il fût formellement interdit. Le gouvernement belge se reposait fortement sur les autorités locales habituelles, bien que cela impliquait souvent la perturbation des relations politiques préexistantes, la création et la manipulation des chefs de tribus, et l’établissement de divisions ethniques. Ce processus fut également renforcé par un système éducatif, principalement mis en place par l’Église Catholique et limité presque entièrement au niveau primaire, qui favorisait certaines régions, servant de plus à formaliser les divisions linguistiques. A partir des années 1920, la résistance s’exprima principalement par des mouvements messianiques, en particulier les Kimbanguistes et les témoins de Jéhovah, dont les fidèles affrontèrent la persécution, avant et après l’indépendance. Ce dernier groupe en particulier resta sujet à controverse dans le centre politique, Kinshasa (anciennement Léopoldville).

Le sentiment de pro indépendance gagna régulièrement du terrain dans les années 1940 et 1950. Les Congolais s’irritèrent plus encore contre les privilèges des blancs et les contraintes coloniales et, en janvier 1959, des émeutes massives secouèrent la capitale, Léopoldville (maintenant Kinshasa). Une profonde division au sein du mouvement indépendantiste opposa les défenseurs du fédéralisme aux défenseurs d’un Etat unitaire. Les fédéralistes revendiquèrent que, étant donné la taille et la diversité du pays, il serait impossible d’affirmer l’unité à court terme ; les « unitaires », qui s’inspirèrent du panafricanisme, affirmèrent que les fédéralistes étaient en réalité des séparatistes, et laissèrent entendre que le fait que les défenseurs du fédéralisme tendaient à provenir des provinces plus riches, en particulier du Katanga, riche en minéraux, n’était pas une coïncidence. L’opposition belge au nationalisme unitaire radical du Mouvement National Congolais (MNC) de Patrice Lumumba encourageait la montée des partis basés sur les régions et les ethnies pendant la transition trépidante vers l’indépendance. À la prononciation de l’indépendance congolaise en juin 1960, le fédéraliste Joseph Kasa Vubu devint Président, et Lumumba devint Premier Ministre. La province méridionale de Katanga, qui avait entretenu de solides liens économiques avec la Zambie voisine depuis des siècles, déclara immédiatement son indépendance. Une période prolongée de chaos et de guerre civile s’ensuivit, au cours de laquelle des facteurs régionaux et ethniques se manifestèrent. Lumumba fut arrêté à la fin de l’année 1960, et exécuté deux mois plus tard, avec l’accord tacite des agents des services secrets belges et américains : au sommet de la Guerre froide, Washington en particulier désapprouva le socialisme de Lumumba. Les forces des Nations Unies furent envoyées à Katanga et, en 1963, le leader katangais Moise Tschombe révoqua la sécession de la province ; le Président Kasa Vubu le nomma Premier Ministre l’année suivante.

En 1965, le Général Joseph-Desiré Mobutu, soutenu par l’Occident, prit le pouvoir à la suite d’un coup d’État. Malgré la poursuite des mouvements insurrectionnels à Katanga et dans la province Orientale du Nord-est, Motubu parvint d’abord à une stabilité relative par la suppression impitoyable de l’opposition et en augmentant la concentration du pouvoir entre les mains présidentielles. En 1971, il prit le nom de Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Za Banga (« Le guerrier tout-puissant qui, grâce à son endurance et à sa volonté inflexible de remporter des victoires, va de conquête en conquête, laissant le feu sur son passage et s’élevant du sang et des cendres de ses ennemis, tel le soleil qui conquiert la nuit »). Il rebaptisa également le pays « Zaïre », dans le cadre d’une campagne d’authenticité africaine. Mobutu étendit l’héritage de Léopold et de la Belgique, pas tellement en gouvernant le Zaïre, mais en le pillant pour sa propre richesse et son propre pouvoir, tout en servant les intérêts des réseaux parallèles de népotisme, et en récompensant ce qui constituait sa propre conception de l’économie politique africaine.

La défaite coûteuse du Zaïre aux côtés des États-Unis et de l’Afrique du Sud en Angola en 1975, conjuguée à l’effondrement économique, lié à la chute du prix du cuivre et à des politiques économiques désastreuses, provoquèrent une succession de mutineries militaires. Une recrudescence de rébellions éclata à Shaba (nom qu’avait donné Mobutu à Katanga), qui ne pu être réprimée que grâce aux troupes marocaines, et ensuite aux troupes françaises et belges, aidées par un nombre considérable de mercenaires Français et d’autres nationalités, qui furent informellement recrutés. De plus en plus, Mobutu accorda des positions de pouvoir aux membres de son propre groupe Ngbandi et d’autres groupes y étant liés - parlant le lingala et originaires de la province de l’Équateur - en particulier au sein des systèmes élaborés de sécurité. Dix ans après son renversement, plusieurs de ces individus, opérant souvent avec une forte indépendance économique, conservent leur influence dans « l’ombre économique » des pouvoirs politiques congolais.

L’instabilité, l’endettement et le déclin économique, liés à une forte corruption et à des violations envahissantes des Droits de l’Homme, se poursuivirent dans les années 1980 sans menacer le soutien des partisans externes de Mobutu jusqu’à la fin de la décennie et jusqu’à la fin de la Guerre Froide. La pression externe mena à l’établissement formel de politiques multipartistes en 1990, mais les partis politiques qui émergèrent - environ 230 - n’étaient rien de plus que des conseils de parenté déterminés à contrôler les éléments de du système népotique décadent de Mobutu. Le mécontentement populaire croissant explosa en des émeutes qui s’étendirent dans de nombreuses villes en 1991, à la suite de massacres d’étudiants par l’armée (dont l’ampleur réelle est contestée par certains) à Lubumbashi, et des manifestations à Kinshasa.

A la suite du génocide du Rwanda voisin de 1994, de nombreux criminels extrémistes Hutus rejoignirent des centaines de milliers de réfugiés Hutus qui craignaient un châtiment dans l’Est du Zaïre. À partir de ce moment-là, les militants, avec le soutien de Mobutu, lancèrent des attaques sur le nouveau gouvernement rwandais, ainsi que sur les Tutsis congolais, les Banyamulenges. En 1996, le Rwanda et l’Uganda envoyèrent leurs propres forces dans l’Est du Zaïre. Ils utilisèrent les services du rebelle vétéran lumumbiste Laurent Kabila, un associé du révolutionnaire cubain Che Guevara, dans une marche vers l’Ouest en direction de Kinshasa, largement soutenue par les forces armées swahiliphones, souvent seulement nominalement sous son contrôle. Au cours de ce processus, les forces du gouvernement rwandais et de Kabila tuèrent des milliers d’Hutus : les combattants tout comme les non-combattants. Entretemps, en 1996, 50 000 personnes manifestèrent à Kinshasa pour protester contre un régime de Mobutu qui continuait à se poursuivre, un mois avant l’annonce que le dictateur souffrait d’un cancer de la prostate. Au début de l’année 1997, le Président Sud-africain Nelson Mandela et un envoyé des États-Unis organisèrent une réunion entre Mobutu et Kabila, et insistèrent auprès de Mobutu pour qu’il se retire. Il s’enfuit finalement du pays lorsque Kabila et ses alliés prient Kinshasa en mai 1997. Le massacre prédit des habitants de la capitale n’eut pas lieu. Bien avant que les forces de Kabila n’atteignent la capitale, de nouveaux contrats furent signés entre Kabila et les compagnies d’exploitation minière américaines pour l’exploitation du cuivre et d’autres ressources. Les répercussions - légales, économiques et militaires - se font ressentir jusqu’à présent.

Kabila rebaptisa le pays comme République Démocratique du Congo (RDC). Cependant, il se brouilla rapidement avec le Rwanda et l’Uganda et, en 1998, ces pays soutinrent des mouvements rebelles afin qu’ils envahissent à nouveau la RDC. Les rebelles eurent également le soutien de la sécurocratie burundaise, qui était dominée par les Tutsis à l’époque, tandis que Kabila avait celui de l’Angola, du Zimbabwe et de la Namibie ; au moins deux de ces pays avaient pour ambition d’étendre leur empreinte économique sur les ressources potentiellement énormes en minéraux exploitables de la RDC. Sept pays étaient maintenant impliqués et, parce que leurs divers rôles furent souvent récompensés par des concessions de ressources naturelles, ils étaient peu enclins à se retirer. D’autres pays, du Tchad à l’Ukraine, furent impliqués dans l’approvisionnement en armes, en personnel, en services bancaires et en blanchiment d’argent. Le monde des médias commença à nommer la crise de la RDC comme la « Première Guerre Mondiale d’Afrique ». Les combats se poursuivirent, malgré un accord de cessez-le-feu en juillet 1999, et le déploiement d’une mission de maintien de la paix des Nations Unies en 2000 (MONUC), qui ne disposait pas de suffisamment de personnel et avait un faible mandat. Une enquête menée par le Comité de Secours International révéla que, entre 1998 et 2004, près de quatre millions de personnes de la RDC - l’équivalent de la population entière d’Irlande - furent tuées pendant la guerre.

Gouvernement

En raison d’un mélange d’idéologie néo-maoïste, d’un nationalisme congolais opiniâtre et d’un manque de personnel et de ressources facilement mobilisables, Laurent Kabila ne réussit jamais à totalement imposer l’ordre dans la région de Kinshasa, et le fit encore moins sur le reste du pays et ses relations avec le monde extérieur. Il perdit rapidement ses amis du monde entier. Kabila fut assassiné en janvier 2001 par l’un de ses propres gardes du corps de langue swahili originaire de l’Est de la RDC - bien que le commanditaire de l’assassinat reste inconnu. Son fils Joseph Kabila assura la présidence parmi des accusations fréquentes provenant des cercles de l’opposition de Kinshasa, déclarant qu’il était un adopté rwandais, ou même un imposteur. Sous la pression internationale en 2002, il accepta un gouvernement de partage du pouvoir avec les factions rebelles et la société civile, en juillet 2003. Comme pour son père, le pouvoir de Joseph Kabila s’étendit à peine au-delà de Kinshasa ; un vide de pouvoir persista dans la plus grande partie du pays, en particulier à l’Est, et fut rempli par diverses factions militaires concurrentes, ainsi que par des unités armées destituées qui se rémunéraient en pillant et terrorisant les populations locales. La tenue du pouvoir par Joseph Kabila fut particulièrement précaire, du fait qu’il avait été élevé dans la province de Katanga de langue swahili et en Tanzanie, et il ne maîtrisait pas couramment le lingala, langue parlée à Kinshasa et ailleurs dans l’Ouest du pays. La violence dans la province Ituri du Nord‑est éclata malgré une meilleure sécurité à Kinshasa, et les gardiens de la paix de l’Union Européenne dirigés par les français intervinrent en 2003, afin de réprimer la violence dans et autour de Bunia, capitale de l’Ituri. En juillet 2003 et en octobre 2004, le Conseil de Sécurité des Nations Unies soutint le MONUC par près de 17 000 hommes, et donna un nouveau mandat visant à protéger les civils « sous la menace d’une violence imminente ».

L’Assemblée Nationale adopta une nouvelle constitution en mai 2005. Le document limitait le mandat présidentiel à une durée maximale de deux fois cinq ans, décentralisait certains pouvoirs, et affaiblissait d’une manière générale l’exécutif en faveur de la branche législative. Pendant la guerre, une haine se développa contre le peuple Banyamulenge, en particulier au moyen d’accusations démagogiques revendiquant que le groupe était « étranger » (plus spécifiquement rwandais) ; la nouvelle constitution définissait comme citoyens tout groupe ethnique présent lors de la déclaration de l’indépendance en 1960, définition qui englobait les Banyamulenges.

En 2006, les premières élections libres depuis 40 ans furent remportées par le Président en exercice Joseph Kabila, avec une estimation de 58 % des votes, provenant principalement de la région Est parlant le swahili, causant des inquiétudes quant à ses capacités à surmonter la division avec l’Ouest, qui était de langue lingala. Malgré des menaces initiales de tribunal, son principal opposant Jean-Pierre Bemba - un ancien rebelle de la région Équateur - déclara qu’il acceptait le résultat.

Le Tribunal Criminel International (TCI) basé à La Haye possède juridiction sur les crimes commis en RDC depuis le 1er juillet 2002, suite à la ratification du Statut de la Cour Rome par la RDC le 11 avril 2002. Le 19 avril 2004, le Président de la RDC reporta la situation des crimes commis en RDC au procureur du TCI. A la suite de cela, le leader milicien Thomas Lubanga fut amené devant le tribunal de la Haye en mars 2006 et, le 18 octobre 2007, le TCI accusa formellement Germain Katanga, l’un des principaux dirigeants militaires du FNI, de crimes commis contre l’humanité, entre autres inculpations, après qu’il fût livré par les autorités congolaises.

Conditions actuelles des minorités et des populations indigènes

Dans l’année qui suivit l’élection relativement pacifique de Joseph Kabila en tant que Président, parmi les problèmes sous-jacents de la RDC, peu d’entre eux manifestèrent des signes de résolution. Dans et autour de Kinshasa, la possibilité de troubles sociaux violents étendus reste toujours présente, malgré les efforts de la mission de maintien de la paix des Nations Unies (MONUC) visant à renforcer les infrastructures de sécurité ; mais le pire de la crise congolaise permanente persiste dans l’Est.

Le facteur principal reste les crises continues dans les provinces de Kivu, Katanga et Ituri. La montée de la violence observée dans le Nord du Kivu au milieu de l’année 2007 fut l’épisode le plus récent dans la lutte continue pour les ressources et le contrôle local entre les milices Tutsis congolaises (connues sous le nom de Banyamulenge) et l’interahamwe Hutu des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), ainsi que des groupes d’attaques indépendants d’allégeance souvent indéterminée, qui sont à la recherche de ressources matérielles plutôt que de tout avantage stratégique ou politique. L’officier rénégat de l’armée rebelle, le Général Laurent Nkunda, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour crimes de guerre depuis 2005, maintenait ce qu’il décrit comme la défense des Banyamulenges. Le soulèvement Nkunda commença de façon sérieuse au début du mois de décembre 2006, provoquant une fuite immédiate d’une population estimée à 370 000 personnes, à mesure que le conflit devint rapidement un quadrilatère entre le Congrès National pour la Défense du Peuple de Nkunda, les troupes du FDLR, les unités de l’armée congolaise, et les milices Maï-Maï ayant une allégeance, minime, si ce n’est qu’envers elles-mêmes. Les tentatives de l’armée congolaise de vaincre Nkunda et ses forces (estimées entre 6 000 et 10 000 hommes) se révélèrent être vaines. En septembre 2007, on estima que 170 000 autres civils s’enfuirent pour fuir la violence. Les officiels de la mission des Nations Unies au Congo (MONUC) signalèrent avoir localisé des masses de tombes de civils non identifiés dans des régions précédemment occupées par les unités des Brigades Bravo de Nkunda. À la fin de l’année 2007, le dirigeant rebelle appela à des discussions pour la paix - quelque chose que Kabila avait précédemment refusé de prendre en considération, demandant en échange que Nkunda intègre ses forces dans l’armée nationale.

Le problème des Tutsis Banyamulenges est un problème ancien de la RDC, remontant à l’ère coloniale, avec des Tutsis de l’Est du Congo marginalisés sous l’ancien chef d’État congolais, Mobutu Sese Seko. Bien que les Banyamulenges aient été étroitement liés à son successeur, Laurent Kabila, cette relation s’envenima rapidement sur la période 1999-2001, qui abouti à l’assassinat de Kabila par l’un de ses gardes du corps de langue swahili. Ceci résulta en une colère encore plus populaire dans la capitale Kinshasa, les Banyamulenges étant agressivement stéréotypés comme « non-Congolais » et une cinquième colonne efficace pour le Rwanda voisin - dont le régime RPF provient du groupe ethnique minoritaire Tutsi. De nombreux Banyamulenges fuirent la capitale à l’époque, redoutant des attaques, et retournèrent dans l’Est à la recherche d’un abri.

Les événements dans l’Est du Congo de 2007 sont une continuité des querelles ethniques pernicieuses qui menèrent au génocide des modérés minoritaires Tutsis et Hutus au Rwanda en 1994. Au-delà des circonstances immédiates se rapportant à Nkunda, le problème à long terme de l’insécurité de la minorité Banyamulenge de la République Démocratique du Congo, et la manière la plus efficace d’en venir à bout, restent irrésolus. Les Banyamulenges sont eux-mêmes divisés sur la manière de parvenir à une solution. La plupart des penseurs politiques Banyamulenges reconnus sont en faveur d’une solution politique négociée, mais ils désapprouvent fortement le manque de représentation des Banyamulenges au niveau du Parlement ou du Sénat. De plus, le préjudice contre les intérêts Banyamulenges reste bien établi à Kinshasa, y compris au sein de l’administration.

En Ituri, l’année 2007 vit une progression considérable de la démobilisation, du désarmement et de la réintégration des six milices qui émergèrent des lignes ethniques depuis 1999. Coordonnée par les Nations Unies et les forces armées congolaises, cette initiative parvint à un succès majeur avec l’adhésion au processus de la dernière des principales milices qui s’y étaient opposées, le Front Nationaliste Intégrationniste Lendu (FNI). On s’attendait à ce que de nombreux combattants démobilisés du FNI et autres rejoignent les forces armées. Le conflit Ituri a toujours revêtu un aspect ethnique complexe, à l’évidence dans la montée d’une haine mutuelle entre les Hemas et les Lendus depuis 1999, dans le travail des seigneurs de guerre locaux, ainsi que dans l’ingérence du Rwanda et de l’Uganda dans la région. Cependant, comme lors d’autres conflits régionaux en RDC au cours des dix dernières années, la violence n’a tout pas simplement eu lieu à des fins d’identité. Comme partout ailleurs, le contrôle des ressources fut au centre du conflit. Le 18 octobre 2007, le Tribunal Criminel International accusa formellement Germain Katanga, l’un des principaux dirigeants militaires du FNI, de crimes commis contre l’humanité, entre autres inculpations, après qu’il fût livré par les autorités congolaises.

On retrouve parmi les populations minoritaires souffrant particulièrement du conflit continuel dans l’Est, les Batwas/Bambutis congolais. Dans le Sud du Kivu, les attaques incessantes par les forces rebelles rwandaises dans la campagne, en dehors de Bukava, ont un grave impact sur les Batwas/Bambutis, comme sur d’autres communautés. Le pillage, la torture et les meurtres sont courants, avec une incidence particulièrement élevée de viols et de violences sexuelles extrêmes. Au Nord du Kivu, certaines communautés Batwas/Bambutis furent prises dans des vagues importantes de déplacement provoquées par les combats incessants entre les forces loyales envers Nkunda, les Maï-Maï congolais, et les forces armées congolaises. Plus au Nord, dans l’Ituri, la situation dans les régions peuplées par les Bambutis se calma en 2006-2007, bien que certaines parties de la région soient menacées par la présence de combattants purs et durs du PRPI, qui ont refusé de rejoindre le programme de démobilisation. Dans toute la région, la pauvreté et la marginalisation chroniques que vivent les communautés Batwas/Bambutis sont exacerbées par la situation de la sécurité.

Le contrôle sur les ressources forestières continue d’être d’une importance vitale pour les Batwas/Bambutis. À la fin de l’année 2007, un rapport qui fit fuite, publié par le Comité d’Inspection de la Banque Mondiale indiquait que la banque avait soutenu un projet d’exploitation du bois au détriment de l’environnement, sans avoir consulté les Batwas, ni avoir pris en compte l’impact sur leurs communautés. Récemment, une coalition d’organisations basées sur des groupes de populations forestières fit également pression sur les Nations Unies contre ce qu’ils considèrent être une réponse insuffisante de la part du gouvernement à la situation critique des populations forestières. Suite à la présentation du gouvernement, en 2006, de son rapport sur le Parti de l’État devant le Comité des Nations Unies pour l’Elimination de la Discrimination Raciale, ce groupe répondit en janvier 2007, remarquant que les populations forestières avaient été totalement ignorées dans la proposition de Kinshasa. Dans ses remarques de conclusion publiées en août 2007, l’ICERD recommandait que la RDC prenne des « mesures urgentes et appropriées afin de protéger les droits terriens des Batwas ». Il recommanda également l’établissement d’un moratoire sur les terres forestières, l’enregistrement des terres ancestrales des Batwas, et que des dispositions soient prises pour les droits forestiers des peuples indigènes dans la législation nationale.

Source : http://www.minorityrights.org

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Rangot Tsasa

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